L’incubation buccale des Cichlidés
C’est une méthode de reproduction qui reste pratique et très spectaculaire pour nous aquariophiles, une forme de délégation dans l’art d’élever des animaux qui est très agréable et intéressante, une incroyable expérience aquariophile qui nous plonge directement dans le réflexe de l’observation de nos cichlidés dits « bucco-pharyngiens »..
Chez les cichlidés, il y a les incubateurs dits « bucco-pharyngiens » et les autres cichlidés qui sont eux, des pondeurs sur substrat (visible ou à l’abri).
On retrouve trace de cette pratique bucco-pharyngienne un peu partout sur le globe en eau douce comme marine.
Les Cichlidés du Lac de Malawi, la quasi-totalité la pratique.
Les Cichlidés du Lac de Tanganyika, environ 2/3 la pratique.
Les Cichlidés du Lac Victoria, la quasi-totalité la pratique.
Les Cichlidés des fluviatiles d’Afrique de l’Ouest, 1/5 la pratique.
Une reproduction classique commence presque toujours par une parade nuptiale suivie d’une fécondation par position dite en T. Mâle et femelle tournent en rond sur le même cercle en vibrant et en lâchant en alternance des oeufs pris en bouche par la femelle avant la fécondation par le mâle (aspiration de la laitance par la femelle). La fécondation est donc interne.
Le temps nécessaire pour l’incubation complète (c’est à dire du stade larvaire à la complète autonomie de l’alvin) est propre à chaque espèce.
Exemple : un m’buna du Malawi met habituellement 20 à 22 jours plus ou moins, à incuber avant de lâcher ses petits. Mais au plus la température de l’aquarium est élevée, plus l’incubation sera rapide.
Comment repérer que mon poisson est en période d’incubation ?
L’incubation se traduit visuellement par un poisson possédant un goitre sans en être un, les ouies sont plutôt gonflées, il a une respiration accélérée favorisant la ventilation ou le malaxage des oeufs.
Le volume et nombre d’oeufs (allant de 2 à 5 mm de diamètre en moyenne) générés dans la bouche dépendent de l’espèce, du degré d’expérience de la femelle qui gagnera en prolificité avec le temps, de sa taille, et de la qualité de son environnement.
Cette dernière, devrait essayer de se nourrir encore un peu au départ de son incubation si le volume d’oeufs n’est pas trop envahissant, mais très rapidement, se nourrir lui deviendra impossible.
Ce qui en découle, un amaigrissement pouvant être dangereux si elle enchaîne une deuxième reproduction directement derrière celle-ci (à moins d’un mois d’intervalle).
Il faut être particulièrement attentif à ce fait, car l’intervention de l’aquariophile pourrait être utile pour lui sauver la vie au cas où (c’est à dire l’isoler pour qu’elle puisse reprendre des forces). Attention en sachant bien que cela comporte évidemment toujours un risque à la réintroduction dans le groupe (le poisson qui a été retiré du bac d’ensemble, peut complètement être exclu du groupe à son retour).
La femelle restera très discrète pendant l’incubation, elle se cache la plupart du temps pour ne pas s’exposer aux mâles ou autre danger potentiel. Il peut arriver que la reproduction soit un échec, mais cela est du la plupart du temps, au fait du manque d’expérience des sujets (la non fécondation, ou le milieu hostile qui favorise un stress et donc la digestion des ovocytes).
Lorsque l’autonomie des alvins est proche, la femelle se met à la recherche de zones sombres ou de cavités profondes. Elles va alors les recracher mais néamoins les reprendre pour les déplacer quelques jours. Trés souvent l’alvin à un instinct de survie et sait s’abriter à défaut de pouvoir se défendre.
Certaines mères vont encore après l’incubation buccale théoriquement terminée, donner des soins si les alvins vont la solliciter et tant que celle-ci sera capable de les reprendre en bouche au moindre signe de danger, c’est le cas de certaines espèces de m’bunas.
Les prédateurs les plus dangereux sont : les poissons-chats, les hypostomus spp., certains locariidés, les grosses loches, mais encore, attention aux crépines et cannes d’aspiration avant tout autre cichlidé qui pourrait aussi s’en delecter..
Il y a plusieurs méthodes pour récuperer des alvins, la façon naturelle ou artificielle, mais pour avoir plus de chance de reproduction et de bonnes souches, nous allons parler ici des deux méthodes de façon naturelles uniquement.
Methodes pour avoir de bonnes souches..
Les deux méthodes les plus naturelles sont : soit de laisser la femelle dans le bac, ou soit de l’isoler mais après au moins deux semaines d’incubation pas avant, dans un bac de quarantaine (attention à ne pas la faire cracher prématurément lors de la manipulation, cela arrive fréquement !) et en prenant soin de ne de pas la sortir de l’eau durant toute l’opération. Ces deux méthodes, renforcent la transmission maternelle de l’acquis vers l’alvin et assurent une bonne qualité de souche (la plupart du temps, car rien n’est assuré avec mère nature… mais ce sont les meilleures méthodes pour obtenir de bonnes souches).
©Texte : AQUA débutant sur base d’un article paru dans l’Aqua mag n°20