On peut dire que oui !
Les cellules gustatives forment des papilles, des boutons situés surtout sur les lèvres, le palais et dans la cavité bucale.
Ces cellules envoient des messages à des neurones qui transmettent leurs impulsions au cerveau principalement par le nerf dit palatin. Des récepteurs mécaniques les complètent, renseignant sur la texture et la structure des aliments..
Des papilles oui ! mais pas uniquement dans la bouche..
D’autres bourgeons gustatifs sont dissiminés aussi sur la face externe des lèvres, parfois même sur la tête, les branchies, la base des nageoires, ainsi que les barbillons sur certaine espèce de poisson.
Chez certaines espèces, ils peuvent être repartis sur tout le corps, on prendra l’exemple du Poisson-chat. Des cellules chimio-sensibles isolées sont dispersées en groupes irréguliers ou en rangées au niveau de la gorge, des lèvres, des nageoires pectorales et pelviennes chez les Siluridés, Cyprinidés etc. Avec ces papilles et ces cellules isolées, diverses espèces peuvent contrôler les aliments disponibles dés la recherche de la nourriture.
Dans la bouche, les papilles sont très serrées, il y en a prés de 300 au mm² chez les Cyprinidés. Par exemple le Speudorasbora parva (qui est une espèce introduite mais souvent porteuse de maladies) en possède 8 000 dans la bouche pour l’essentiel. Presque autant que l’homme qui en possède 10 000 sur la langue. Le poisson-chat Meirurus melas en a lui 20 000 dans la bouche et 175 000 autres sur tout le corps, autant dire qu’il à de quoi bien goûter et apprécier ou pas son milieu environnemental.
Ces papilles sont une aide précieuse pour trouver la nourriture près du fond et dans les sédiments, surtout en milieu peu lumineux ou turbide.
Les bourgeons gustatifs sont souvent plus nombreux chez les espèces vivants près du fond que celles qui vivent dans la colonne d’eau ou près de la surface.
Analysons comment cela se passe..
Le goût intervient normalement après l’odorat, les deux sont complèmentaires. L’odorat sert plutôt à la recherche de la nourriture, le sens du goût intervient au dernier moment, pour contrôler avant de consommer. Le goût se focalise sur l’alimentaire, tandis que l’odorat perçoit une variété de substance, en particulier celles qui déterminent les comportements sexuels ou agressifs.
Les préférences olfactives et alimentaires des poissons ont été très étudiées surtout pour la pêche et la pisciculture. Les aptitudes des espèces à déceler des substances sont variables, chaque espèce se spécialisant dans une niche écologique, avec un régime alimentaire spécifique.
Beaucoup d’espèces détectent très finement à l’odorat divers acides aminés, constituants des protéines. Le sens du goût permet de percevoir bien des acides aminés et d’autres substances, par exemple l’acide lactique, mais généralement à des concentrations nettement plus élevées. Pourtant les papilles de l’anguille détectent certains acides aminés à des doses du millionième de gramme par litre. Le vairon Phoxinus phoxinus perçoit lui, diverses substances à de très faibles teneurs, il est 20 000 fois plus sensible que l’homme au sucre fructose ! En laboratoire, il décèle mieux que nous la quinine, le vinaigre, la saccharine, ou encore le sel de cuisine.
Ils évitent les mauvais goûts..
Il y a cependant des subtances qui s’avèrent répulsives. Ce sont souvent des toxines produites par les plantes et les animaux pour se défendre.
Les poissons herbivores ex : le Zebrasoma flavescens, selectionne les algues et les plantes en évitant celles qui contiennent des substances « au goût mauvais ».
La perche tropicale ex : Lates calcarifer évite de manger les oeufs et les têtards du crapaud Bufo Marinus, un producteur de toxine et par ailleurs espèce invasive en Australie.
Certains coraux de la Grande barrière de corail émettent des oeufs que délaisse un planctonophage comme le Pomacentrus moluccensis. Divers poissons évitent les cyanobactéries et algues dinoflagellées qui sécrètent des poisons, ils évitent également les mollusques qui en ont absorbé.
Cela n’empêche pas les poisons de se concentrer le long de la chaîne alimentaire, par exemple la ciguatoxine dans certains poissons tropicaux. L’homme ne les perçoit pas au goût et il peut être gravement intoxiqué. C’est la ciguatara, la « gratte » en Nouvelle Calédonie, parfois très très grave !
©AQUA débutant (sur base d’un article de Arnold Dubarres, paru dans l’aquarium à la maison n°135)
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